ISIS sur le Charles de Gaulle !

mars 2024
Yves PATOUX

2005 ... ISIS s'invite sur le porte-avions Charles de Gaulle !

En 2004, ISIS a introduit SurgiAssist sur le marché médical, un dispositif de télé-assistance chirurgicale (TAC) dédié aux blocs opératoires. Ce dispositif, qui utilise des modules de visioconférence, est constitué de deux sous-ensembles répartis entre une salle d'opération et une salle distante (salle de staff, amphithéâtre, salle de conférence, etc.) et permet de concentrer et de transmettre des données provenant de la salle d'opération, telles que des images radiologiques et des images vidéo en temps réel, et d'échanger des données audio. L'objectif initial était double : permettre à un chirurgien "sénior" de suivre les interventions des chirurgiens "juniors" du service, mais aussi, si nécessaire, de les assister.

Le Service de Santé des Armées (SSA) comprend rapidement l'intérêt de ces appareils et achète deux systèmes, le premier pour le mythique hôpital du Val de Grâce à Paris et le second pour l'HIA (Hôpital Inter Armées) Sainte-Anne à Toulon.

Après les premiers retours très positifs de ces deux hôpitaux, la question s'est rapidement posée d'étudier la faisabilité d'embarquer ce type de dispositif sur certains bâtiments de notre Marine nationale car il était impossible d'avoir à bord des chirurgiens de toutes spécialités et pouvoir accéder à l'avis d'un spécialiste était un plus significatif, d'autant plus que les médecins et chirurgiens militaires assurent souvent une mission " humanitaire " auprès de la population civile sur le terrain d'opération, en plus de leur mission militaire.

L'état-major de la Marine décide alors de s'appuyer sur l'expérience des neurochirurgiens de l'HIA Sainte-Anne avec le SurgiAssist et, les transmissions des navires militaires se faisant par liaison satellite, de faire des essais à bord du porte-avions Charles de Gaulle alors stationné à Toulon. Il s'adresse donc naturellement à ISIS, concepteur français de l'appareil et partenaire privilégié du Service de Santé des Armées.

Fin avril 2005, Xavier P., Responsable R&D , Philippe B., Ingénieur réseau et Yves P. Responsable Clinique (et officier de réserve du SSA), trois des meilleurs éléments d'ISIS, arrivent à quai avec un SurgiAssist pour embarquer à bord du légendaire navire.

Assez rapidement, ils se rendent compte que l'appareil d'ISIS n'est pas vraiment développé pour ce type d'environnement, les multiples passages et escaliers pour accéder à la petite salle d'opération étant tout à fait incompatibles avec son pied à roulettes. Une fois le dispositif en place et la liaison satellite avec l'HIA Sainte-Anne établie, des simulations de transmission d'informations sont effectuées sur un patient "fantôme". L'une d'entre elles est la matérialisation à distance directement sur les images vidéo affichées d'une action, complétée oralement par une directive du télé-expert du genre :"Il faut coaguler le petit saignement ici ! ''.

D'un point de vue clinique, ces essais s'avéreront assez concluants, les fonctions de l'appareil répondant plutôt bien au besoin. En revanche, d'un point de vue technique, il semble assez évident que l'ergonomie du SurgiAssist ne répond pas vraiment aux caractéristiques des systèmes "embarqués".

Les résultats de ces tests seront utilisés de différentes manières :

Les liaisons satellites des bâtiments de la Marine nationale étant très largement réservées aux fonctions de commandement et de service, la part de " bande passante " pour les échanges médicaux est très limitée. La Délégation Générale pour l'Armement (DGA) a donc programmé un projet de caractérisation de la bande passante nécessaire à une liaison satellite dans le cadre de la Télé-Assistance Chirurgicale en Opérations Extérieures (OPEX), pour lequel ISIS a été sélectionné en partenariat avec Bertin Technologies et Thales Alenia Space.

D'autre part, dans un autre registre, les conclusions de ces essais ont participé à la conception des spécifications des équipements de communication des salles d'opération des bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral et Tonnerre.

Enfin, ISIS a capitalisé sur ces tests, puis sur le projet de la DGA qui a suivi, pour développer plusieurs des fonctionnalités originales encore présentes vingt ans plus tard sur SurgiMedia, sa solution de gestion vidéo.